Les flûtes tambourines
INTRODUCTION AUX FLUTES TAMBOURINES
Aperçu historique
L’association d’une flûte à une main et d’un instrument rythmique (tambour) ou à bourdon (cloche, tambourin à cordes) est très ancienne, comme en témoigne la richesse de l’iconographie médiévale (enluminures, bestiaires, chapiteaux…). Son aire de jeu est très vaste et ce couple d’instruments est présent dans toute l’Europe. C’est à la fois un instrument noble (représentations d’anges musiciens) et populaire.
Au XVIe siècle, le tambourinaire est le véritable maître à danser dans les bals (Ad suos compagnones d’Arena, Orchesographie deToinot Arbeau). Supplantée par le violon et le développement des bandes de ménétriers au XVIIe, la flûte tambourine devient plus invisible, mais reste néanmoins présente et s’ancre fortement dans les milieux populaires.
Elle connaît un retour en grâce en France au milieu du XVIIIe avec la mode pastorale puis le développement des régionalismes au XIXe siècle (galoubet tambourin en Provence, où se développe une véritable tradition écrite du répertoire de tambourinaire).
Aujourd’hui les flûtes tambourines bénéficient d’une nouvelle reconnaissance par le biais des musiques anciennes, et en particulier de l’engouement pour la danse Renaissance et le répertoire médiéval, mais aussi par le renouveau des musiques traditionnelles. Les instrumentistes actuels s’attachent également à renouveler et diversifier son répertoire, alliant tradition orale et répertoire écrit.
Elle est encore traditionnellement présente au Pays de Galles, au Pays Basque, en Béarn, en Gascogne et en Provence, dans toute la péninsule ibérique et en Amérique latine.
Mode de jeu
La flûte possède trois trous, deux dessus et un dessous. Elle se tient en pince avec les 4e et 5e doigts. L’ambitus moyen de ce type d’instrument est d’une octave et une quinte. Les hauteurs sont obtenues en combinant doigtés, puissance du souffle et vitesse d’attaque pour changer de registre harmonique. La main qui tient la flûte porte également le tambour sur le même bras. La baguette qui frappe le tambour se tient dans l’autre main (généralement la main directrice). En effet un joueur de flûte et tambour est d’abord considéré et désigné comme un joueur de tambour.
La famille des flûtes à une main se classe en fonction de la place du demi ton dans la suite des notes fondamentales :
- Doigté Anglais ou Renaissance : Ton / Ton / Demi-Ton
C’est le doigté du pipe and tabor, appelé aussi doigté Renaissance. Les trous sont proches les uns des autres, ce qui permet une grande variété de taille d’instruments. - Doigté mineur : Ton / Demi-Ton / Ton
C’est le doigté utilisé par la majorité des flûtes à trois trous : flûtes basques (txistu, txirula, silbote) et béarnaises (flabuta, flûte d’Ossau), chifflo aragonais et chifla léonaise et flûte rociero. Les trous sont proches les uns des autres, ce qui facilite la tenue. - Doigté Ton / Ton /Ton
C’est le doigté du galoubet. Les trous sont assez écartés, ce qui rend plus complexe le jeu des instruments de grandes tailles. Cette succession permet d’avoir un instrument totalement chromatique. - Doigté Demi-Ton / Ton / Ton
On trouve cette succession sur la gaita d’Extremadure.
Des flûtes et des tambours
LE GALOUBET TAMBOURIN – Provence
Le galoubet provençal se décline en flûtes de plusieurs tailles. Traditionnellement en ébène, on en trouve aussi en olivier et en fruitiers.
Le tambourin qui l’accompagne, mesure entre 70 et 80 cm de haut et pèse entre 2 et 5 kg. Son fut est traditionnellement en noyer, et orné de sculptures. Une des deux peaux est en veau mort-né, très fine, sur laquelle est placée une chanterelle, cordelette qui vibre lorsqu’on frappe sur la peau. Il est frappé avec une massette.
LA FLABUTA ET LE TAMBOURIN A CORDES – Béarn – Gascogne
Le tambourin à cordes accompagne la flûte à trois trous en Béarn et en Gascogne.
Instrument à cordes frappées, il est accordé pour faire sonner un bourdon de quinte. Il permet de combiner un jeu rythmique et un bourdon mélodique. Les sonates de Lavallière (XVIIIe) ont été composées pour un instrument de cette famille.
La flabuta est une flûte de petite taille : 30 cm. On la retrouve au Pays Basque sous le nom de txirula. L’enchaînement de doigtés est le même que celui du txistu.
LE TXISTU – Pays Basque
Il existe plusieurs tailles de flûtes : la txirula, le txistu et le silbote, de la plus aiguë à la plus grave.
Elles sont généralement en ébène avec un bec métallique. Le txistu et le silbote ont un anneau au pied de la flûte qui facilite sa tenue.
Le tambour d’assez petite dimension possède un timbre (cordelette vibrante) sur la peau inférieure. Le joueur de txistu se nomme txistulari ce qui dénote la prééminence de la flûte sur le tambour.
GAITA Y TAMBORIL CHARRO – Salamanque
La gaita est une flûte à trois trous de la région de Salamanque. Sa taille est proche de celle du txistu (environ 40 cm). Elle se joue avec un tamboril charro de grande dimension qui se porte soit au bras soit en bandoulière.
PIPE AND TABOR – Angleterre
Le pipe and tabor est une survivance de la forme Renaissance de la flûte tambourine, de par sa forme et son doigté. Elle sert traditionnellement en Angleterre pour accompagner les Morris Dances. Le tambour est souvent de petite taille et court, avec un diamètre de peau plus grand que la hauteur du fût. Pour en savoir plus :
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FLABIOL Y TAMBORIL – Catalogne
Le flaviol est une flûte à sept trous. Elle peut se jouer soit à deux mains comme une flûte à bec soit à une main accompagnée d’un petit tambour, le tamboril, qui se porte généralement entre le pouce et l’index. Il existe plusieurs formes de flûtes : le flaviol traditionnel sans clés et le flaviol de coble avec clés. La coble est un ensemble composé d’un flabiol, de 4 hautbois catalans (tibles et tenores), de 2 trompettes, de deux fiscorns et d’une contrebasse à 3 cordes.
En espérant que ce petit aperçu du monde des flûtes tambourines suscitera de nouvelles vocations !
Caroline Leprette