La flûte à bec fait son come-back, Arte
Voici un reportage sur notre instrument, que vous pouvez visionner jusqu’au 19 Octobre 2018
https://www.arte.tv/fr/videos/069865-000-A/la-flute-a-bec-fait-son-come-back/
Au retour des vacances, nous recevons des réactions à ce “reportage”, qui semble en fait bien plus de la publicité (“communication” en langage d’aujourd’hui….) qu’un travail de journalisme sur le sujet!
L’émission à laquelle nous nous référons, émission tape-à-l’œil, nous donne à voir, plus qu’à entendre (un comble pour la musique), des artistes qui se font fort d’évoluer dans des sphères inaccessibles, éblouissantes, visiblement accablées d’ennui et truffées de faux enthousiasmes, à l’opposé du besoin réel de nos jeunes élèves qui, pour beaucoup, sont déjà bien assez perdus comme ça, dans un monde sidéré, et sont en demande d’échanges authentiques. La référence compensatrice à la pseudo-démocratisation de l’instrument, dans un pays (Taïwan) dont on a du mal à saisir le lien immédiat avec notre culture occidentale (et notamment la Suisse), ses plaies et ses souffrances, ne fait qu’accroître la solitude profonde à laquelle nous condamnent ces acteurs. Cela nous concerne tellement peu !
(Personnellement, j’ai du mal à comprendre Maurice Steger, (qui me laisse véritablement quelques bons souvenirs musicaux) visiblement dépassé par tout ça.)
La flûte à bec, ça n’est pas ça et ça ne doit pas être ça.
Disons que cette émission a le mérite d’être ratée. À nous de transmettre à nos élèves le plaisir de s’exprimer, de se sentir, de se comprendre et de s’enrichir du discours de l’autre. Desservis par cette mauvaise publicité, continuons donc à militer !
Une autre émission, réussie, aura le mérite de montrer ce qui se transmet dans un véritable cours de flûte à bec, en fait d’humanité, de sensibilité, ce que c’est qu’être là.
Philippe Goudour, 28 Août 2018
A le réflexion, je me sens mal dans la peau d’un gardien du temple.
Le monde de la musique est contaminé par un mercantilisme galopant assorti d’une prescription de médiatisation à laquelle les artistes sont soumis s’ils veulent participer à la grande foire au succès.
L’émission d’ARTE illustre à merveille cette situation.
La compétence culturelle des journalistes n’est pas requise. Le clinquant règne et les médias emploient des techniciens de surface qui savent briquer, faire briller un sujet.
Libre à nous de ne pas nous insérer dans le système. Outre les autoroutes de la pratique artistique, chacun sait qu’il existe de beaux chemins de traverse qui nous donnent les moyens de nous épanouir . Le public nous suit et montre sa préférence à nos fêtes.
Les réseaux parallèles fleurissent et c’est là que nous trouvons la cohérence de notre engagement.
Je pense que la flûte à bec y survivra.
Pierre Ginzburg, 28 Août 2018
“Je n’ai rien à ajouter, si ce n’est que c’est affligeant, et que notre monde tourne autour du frivole et du marché, dans tous les domaines et disciplines. On peut observer le même phénomène avec le clavecin et Jean Rondeau. Je n’ai rien de personnel contre lui et Steger, je ne les connais pas. Ce qui est sur, c’est qu’ils se servent de tout ça sans aucun scrupule. Le système culturel veut personnaliser à outrance l’art musical car c’est la solution la plus efficace pour faire de l’argent. Que cela déserve la musique au sens large, peu leur importe.”
Anonyme, 26 Août 2018
“Je voudrais donner mon avis aux lecteurs d’Erta sur ce documentaire d’Arte (la grande chaîne culturelle !) . Il s’agit en fait d’un reportage qui fait la propagande d’un flûtiste qui est mis en exergue durant les 53 minutes (ou presque) de ce documentaire qui voudrait nous faire accroire qu’il est l’unique acteur (avec ses deux amis facteurs) du come back de la flûte à bec.
je trouve cela affligeant, inquiétant et méprisant pour tous ceux qui oeuvrent (ou ont oeuvré) pour la mise en valeur de cet instrument .
C’est comme si Frans Bruggen, Walter Van Hauwe, Kees Boeke, Frederic Morgan ou Bob Marvin n’avaient jamais existé .
Le star system, illustré par ce “documentaire” et qui infiltre de plus en plus le monde de la musique ancienne ne risque-t-il pas de porter atteinte à toute la créativité et toute la diversité qui continue de se developper dans le monde entier depuis le vrai come back de la flûte à bec qui a commencé dans les années 60/70 dans tous les domaines qui concernent notre instrument, à savoir l’enseignement, la recherche, l’interprétation, la facture, la composition… ?”
Jean-Pierre NICOLAS, 23 Août 2018