Assofabec, déjà 15 ans
Interview de Pierre Ginzburg
Patrick Blanc: Merci Pierre de nous accorder cet entretien au moment où vous passez le relais : ASSOFABEC, le réseau que vous avez animé depuis 2003 va en effet être repris par l’Association ERTA. Pas de regrets, pas de nostalgie?
Pierre Ginzburg: Quinze ans, c’est une période longue, j’ai pensé qu‘il fallait passer à autre chose, donner l’opportunité à d’autres de prendre la suite, de s’approprier l’outil que j’avais contribué à créer et à développer. J’ai toujours envisagé cette tâche sous le signe du lien, de l’échange. Dans cet esprit je n’ai aucune nostalgie, et je transmets volontiers à d’autres le soin de perpétuer mon action, que j’ai assumée si longtemps avec passion.
P. B. On ne peut être qu’admiratif de la constance de l’effort pour maintenir le réseau sur cette durée. Quelles étaient vos motivations pour tenir quotidiennement le réseau à jour ?
P. G. D’abord le plaisir de suivre l’actualité de la flûte à bec, mon instrument et d’échanger avec tous les acteurs, connus et moins connus, surtout ceux des nouvelles générations, qui incarnent l’avenir. Au cours de ma carrière, c’est dans la transmission que je me suis le plus épanoui, essentiellement par mon activité d’enseignant. Entretenir ce réseau, qui a permis à de nombreuses personnes de nouer des liens, de garder le contact, était un prolongement de cette idée de transmission.
P. B. Comment est née l’idée de cette lettre d’information ?
P. G. Nous nous sommes retrouvés avec quelques autres (Marie-Christine Trouvé, Claire Michon, Michel Quagliozzi, Jean-Pierre Nicolas) autour de l’envie de créer une association de flûte à bec. La première action, a été de profiter du développement de l’internet pour mieux communiquer. La formation de l’association ERTA est venue plus tard. C’est le principe de la newsletter qui a été choisi. Le suivi, au départ collectif, est devenu au fil du temps plus individuel, et finalement je suis resté seul aux commandes.
P. B. Peut-on noter une évolution dans les contenus, chez les correspondants ?
P. G. Ce qui compte pour moi, c’est la totale gratuité et la neutralité du réseau. Pas de hiérarchisation de l’info, charte graphique commune égalitaire entre les annonces, sauf lorsque des pièces jointes sont fournies, en général des flyers.
Les rubriques actuelles se sont installées au cours du temps :
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annonces de postes ou remplacements
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ventes ou prêts d’instruments
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annonces de stages
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annonces de concerts
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sorties de CD et partitions
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annonces d’émissions de radio et (très rarement) de télé
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échanges de conseils etc…
Le réseau est majoritairement constitué d’adhérents français, mais nous avons des correspondants dans toute l’Europe, notamment en Belgique, en Allemagne, mais aussi aux E. U. ou Australie ainsi que pas mal de français expatriés.
P. B. N’y a-t-il jamais eu de tentation d’évoluer vers un site plus généraliste ?
P. G. C’est une question qui s’est posée à nous d’emblée, et c’est seulement pour des raisons d’efficacité, et pour ne pas être noyés sous les informations trop abondantes que nous avons très vite décidé de borner notre sphère d’activité à la flûte à bec.
P. B. Conseils pour ceux qui veulent s’engager dans cette tâche?
P. G. Il faut avoir le désir d’assumer ce travail régulièrement, beaucoup d’amour pour l’instrument. Disposer d’un peu de temps chaque jour. Etre bien organisé. Avoir du goût pour la relation, de l’empathie.
P. B. Finalement, que de bons souvenirs?
Très peu de mauvais souvenirs, quelques désaccords un peu vifs, plutôt rares, et tout au contraire, énormément d’échanges amicaux et confraternels, de nombreux messages d’encouragement et de remerciements.
Et puis je pars tranquille, je suis sûr qu’ERTA trouvera la bonne méthodologie, les bonnes personnes pour continuer, quelle que soit la manière.
Propos recueillis par Patrick Blanc, vice-président d’ERTA France
14 septembre 2018